Les attentats du 13 novembre : quel(s) impact(s) sur nos esprits ?

Compte rendu du premier débat d’Opiio du Mercredi 9 Décembre 2015, 15h30.

Toutes les phrases entre guillemets sont des citations de jeunes ayant participé au débat.

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Pour lancer le débat, la question posée a été celle du ressenti sur
le moment.

 

Pour certains cela a été un effet de surprise. Plusieurs ont été pris
au dépourvu durant le match.

D'autres l'ont appris sur les réseaux sociaux, ont allumé la télé et
n'ont pas vraiment réalisé sur le coup.

Suite à ça il y a eu un sentiment de révolte chez chacun, un effet
d'impuissance, et pour certains l'incapacité de dormir.

 

« En janvier il y a eu le problème des dessins humoristiques mais là 
non, ils ont touché notre liberté en général. »

En faisant cela ils souhaitent nous faire peur, que l'on soit touché, que l'on ait mal, et que l'on ne se sente plus en sécurité.

C'est plus de la tension qui est ressentie que de la peur, qui est incontrôlable et provoquée par le fait de penser pouvoir mourir n'importe quand, plus que le problème de l’idéologie.  

 

Un jeune qui participe à la rédaction d’un journal lycéen explique : « On n'est pas dans une peur mais une réalité présente avec le sens du danger par des actes individuels et une prise de risque inconsidérée comme aller manifester alors que c'était déconseillé. » Il a pu le constater car il était présent en tant que journaliste.

Ce sentiment n'est pas partagé car : « Les manifestants ont conscience du risque et dans ce cas-là autant s'arrêter de vivre, c'est ce que veulent les terroristes. »

Le débat s'installe entre ces 2 idées :

« -Il y plus de sécurité comme l'écart entre le 7 et 11 janvier. Tu ne peux rien faire face à ces fous.

-Non, c'est idiot de demander l'ultra sécurité. Et tu parles de prise de risque inconsidérée pourtant tu as participé à ce mouvement de foule en étant présent. »

 

Le débat a ensuite dévié sur le besoin de se recueillir.

« -Je pense que c'est important d'y aller directement car le « jour J » ça n'a pas le même impact et puis quelle différence entre 1 jour ou 1 mois après.

-Ça permet que dans la tristesse on soit ensemble, unis. »

 

« -Oui mais il y a le problème de l'union éphémère.

-C’est vrai mais c'est important aussi d'être indifférent pour pas les laisser nous atteindre.

-Il faut respecter justement les formes de réactions de chacun et ne pas se laisser imposer une certaine réaction.

-Si les gens veulent quand même s'unir c'est important, on nous brave notre liberté d'où le problème de l'état d'urgence. »

 

Tout cela a-t-il des conséquences sur la vie personnelle ?

 

« - Non mais on a senti une certaine tension dans le bus et au lycée dans les jours qui ont suivi.

- Je pense que oui car l'autorisation de fumer dans l'enceinte du lycée est un problème.

- Cela peut arriver n’importe où, n'importe quand, c'est bien de prendre des mesures comme cela.

- Je pense que l'on a le droit de prendre des risques et le besoin de le faire, de résister. »

 

Les événements ont-ils changé quelque chose réellement ou après l’état d'urgence cela sera fini ?

« - Ca va s’estomper pour certains mais la plaie est toujours ouverte.

- Je suis allée voir une pièce de théâtre qui marquait « complet » mais il y a eu plein de places vides car un grand nombre d'absents à cause des attentats et j'ai directement pensé au Bataclan. Est-ce que la prochaine fois j'y repenserai ?

- Moi aussi, en allant au cinéma, j'ai pensé « imagine, là il y a un attentat » »

 

Et est-ce que le fait d'y penser tous les jours c'est un inconvénient ?

« Je pense que non mais t'es horrifié car c'est arrivé, il faut faire son deuil. »

 

Que pensez-vous du mouvement de solidarité via les réseaux sociaux, du vent ou concret ?

 

« - C'est instantané du coup ça permet de s'exprimer et c'est important, un rassemblement de gens qui vont dans la même direction.

- Ça fait du bien de dire ce qu'on pense.

- Le retour au lycée a fait du bien pour en parler avec certains.

- Oui mais c'est agréable de se sentir soutenu via les réseaux, s'exprimer rapidement. »

 

En allant au rassemblement l'ambiance était dure mais ça fait du bien de se retrouver comme sur les réseaux sociaux qui ont appuyé le fait de se sentir soutenu. Un rôle important dans l'unité nationale et dans l’élan du patriotisme.

 

Le problème de Twitter et de s'exprimer instantanément s'est posé car pour certains c'était un besoin d'aller y lire les nouvelles ou les sentiments de chacun. Mais c'est aussi se rendre compte que les terroristes sont soutenus. La question s’est également posée de savoir comment interpréter les résultats des élections (seuls ceux du premier tour étaient connus). Tout le monde était en tous cas d’accord pour dire qu’en tuant, ils ont obtenu une partie de ce qu’ils cherchaient.

« C'est important de continuer à vivre et pas trouver des solutions simplistes à des problèmes simplistes. »

 

 

Pour finir, pensez-vous qu'on oublie ?

 

Certains peuvent être indifférents contrairement à d'autres qui vont y penser en continu.

D'autres vont voir quelque chose qui a changé depuis et donc y penser et réagir mais pas s'apitoyer.

En allant dans une grande place ça peut être un sentiment de peur.

« -Non on peut pas, ça reste mais il faut faire son deuil. »

 

Ce débat a eu lieu à la ligue de l'enseignement de Basse-Normandie (16 rue de la Girafe-14000 Caen)